Film Médical 3D : un cas particulier

Modéliser des outils médicaux, animer des gestes de soin, représenter et expliquer des phénomènes biologiques, nous savons faire. Le film médical est un genre que nous pratiquons, si bien qu’avec le temps nous avons pu identifier des caractéristiques qui lui sont propres.

Il soulève un ensemble de problématiques, de points de vigilance et d’interrogations que les autres genres ne soulèvent pas. En cela, il demande donc un savoir-faire spécifique, qui s’acquiert avec l’expérience. Voyons ça de plus près.

Une mise en scène protocolaire

Dans la catégorie des films médicaux, on trouve le film-produit ou film-notice dont le but est de vendre un outil médical à destination des professionnels. La grande différence avec un produit lambda, c’est que l’outil médical ne supporte par les imprécisions d’usage. La notice doit être infaillible, car elle répond d’un protocole.

mega-dental-protocole

Représenter un protocole de soin, c’est animer chaque geste très précisément

Si le professionnel comprend mal l’outil qu’on lui présente, il risque la faute professionnelle. Plus qu’ailleurs, l’animation doit être intelligible, et ne doit laisser aucune place à l’interprétation.

C’est donc un genre très particulier dans lequel la mise en scène est guidée par le protocole. Ce dernier conditionne ce qu’on va montrer, et comment on va le montrer.

Ce qui signifie au moins deux choses.

D’abord qu’il y a besoin d’autant d’échanges que nécessaire avec le constructeur, pour ne laisser aucun doute sur l’utilisation du produit. Les allers-retours entre les deux équipes doivent être fructueux et entrepris au plus tôt. L’erreur serait de ne pas poser assez de questions.

Ensuite, que de notre côté, chaque plan doit être efficace. Forcément, nous avons moins de marge de manœuvre. C’est là qu’est le défi : penser rapidement au meilleur plan, au meilleur effet, au meilleur mouvement pour expliquer le produit – le plus simple est le mieux – sans oublier toutefois de composer une image vendeuse et réaliste qui le mette en valeur.

Bien sûr, toutes ces méthodes s’acquièrent à force de travailler avec des experts. C’est une habitude qui finit par faire surgir des compétences : on sait adopter leur langage, récupérer et exploiter leurs données, comprendre leur besoin et les guider vers des choix de réalisation adaptés.

Une vigilance quant à la sensibilité du public

Le film médical est le seul type de réalisation dans lequel nous sommes amenés à montrer des corps et des chirurgies. Même si ces films sont destinés à des professionnels que le sang n’effraie pas, la question de la censure s’impose.

Elle s’impose pour une raison très simple : ce sont des réalisations qui cherchent à vendre un produit, elles représentent une marque, et doivent véhiculer une bonne image. Une image d’efficacité et de professionnalisme. Fatalement, le sang n’a pas sa place.

Il y a également une autre raison. On souhaite que le spectateur retienne l’objet et son usage. Le problème des images un peu crues, c’est qu’elles empiètent inévitablement sur le message du film. Il y a le risque que le spectateur se focalise dessus et ne retienne que ça plutôt que ce qu’on veut lui transmettre. Or, rappelons-le, le spectateur est un potentiel acheteur.

Très vite alors, on adopte des réflexes de publicitaires. On pense une image la plus clean possible, on met en place des astuces pour l’épurer, pour contourner les problématiques vers lesquelles nous mènent telle opération ou tel geste de soin.

Ce n’est pas vraiment de la censure, car on ne modifie pas une image existante. On la conçoit par avance pour qu’elle ne soit pas choquante. On n’efface pas le sang, on choisit de ne pas le représenter. Ça ne veut pas dire non plus qu’on efface le geste chirurgical. Bien au contraire, s’il faut montrer une perforation ou une incision, on la montre, mais on évitera soigneusement tout ce qui rappelle la réalité charnelle de ce geste.

colonne-vertebrale

Par exemple, sur cette image, on ne montre pas le dos. On s’en tient à la colonne vertébrale.

Chose possible aussi parce que la présentation nous le permet. Pour expliquer l’outil, nul besoin de montrer la perforation de la peau, on a seulement besoin de montrer l’essentiel (à quel niveau des vertèbres et à quelle profondeur l’outil agit).

Bien sûr, il y a des cas où cette problématique ne peut pas être contournée, et où nos clients ne veulent pas qu’elle le soit. Regardez par exemple notre ancienne production pour Megadental. Un protocole de soin sur une dent abîmée. Le protocole nous oblige à montrer tout le processus de soin…en détail.

Âme douillette, s’abstenir. (surtout si vous détestez passer chez le dentiste).

Une diversité de réalisations

Derrière la requête « film médical », on pourra trouver aussi bien de la vulgarisation scientifique que des films de campagne sanitaire ; aussi bien des films pour des colloques que de la présentation de produit.

Ce n’est pas seulement la nature des films qui change d’une production à l’autre, mais aussi la discipline représentée. Derrière le terme « médical », se tient une foule de domaines : immunologie, neurologie, cardiologie, odontologie, radiologie, médecine générale, endocrinologie, dermatologie, etc etc. On ne va pas vous faire toute la liste des services hospitaliers.

Ainsi, comme le secteur social ou comme l’ingénierie, le domaine médical représente un énorme champ de disciplines.

Cette réalité impacte directement notre activité, puisqu’elle nous oblige – nous, spécialistes de l’animation 3D – à dialoguer avec tous les métiers et à nous adapter à leur spécialité.

Bien sûr nous ne sommes experts d’aucune discipline médicale. Ce n’est jamais nous qui guidons le contenu des films, en revanche, c’est nous qui apportons des réponses artistiques aux requêtes qui nous sont soumises. Aucun film n’est pareil, chacun vise un but différent, car chaque client vient avec une demande liée à son domaine. Pour fournir des propositions adaptées, il nous faut comprendre leur besoin, comprendre les spécificités de leur domaine, et exercer une gymnastique parfaite.

Tout cela pour dire qu’il y a autant de film médical qu’il y a de domaine médical, et de besoins du commanditaire.

En cela le film médical est bien différent du film immobilier, du film marketing, ou encore du film institutionnel. Des genres à sens unique, très codifiés, aux buts similaires d’un film à l’autre.

Prenons un exemple de chez nous.

Notre réalisation pour la firme FIM médical : une animation cartoon destinée aux patients amenés à souffler dans un spiromètre (appareil de mesure de la capacité pulmonaire). Pour les aider à inspirer et expirer correctement dedans, une animation les guide.

On ne montre rien de médical dans le film. Pas de soin, pas de science, pas de produits chirurgicaux. Et pourtant c’est une réalisation qui répond directement à un besoin médical, commandée par un professionnel qui avait des attentes particulières liées à son métier. Il nous a fallu comprendre les problématiques qu’il rencontrait avec ses patients qui utilisaient des spiromètres, et lui proposer nos idées en retour.